Le con, la brute et le tuant
Alors que je me préparais à livrer un article sur Mathieu Da Silva (25 ans), apprenti tueur en série, roi du collet, dont le semestriel Nos chasses-spécial piégeage nous tire le portrait (il prend 20 renards et 30 mustélidés par an plus quelques carnassiers) en s'extasiant sur son inventivité (ce sinistre abruti a imaginé des techniques sortant de l'ordinaire, du genre laisser vieillir les câbles sous la pluie), voilà t-il pas que je tombe sur une merveille de tradition absolument conne et foutrement cruelle.
Et zyva; comment passer ça sous silence ?
Puis tu te dis : "Que se passe t-il dans la tête de ces individus pour en arriver là ? C'est hallucinant ! On manque de mots pour les qualifier, eux et leur distraction".
Car c'est une distraction, un chouette moment, que de la balle, quelle éclate !
Bon, ça se passe en Espagne, dans la région de Tarragona (à Amposta, Deltebre, Alcanar...) sud de la Catalogne. Mais cette tradition, mon bon, est largement exportable dans le pourtour méditerranéen, civilisé comme peut l'être la corrida, phare de la culture taurine.
Le taureau justement. Pas de bol pour lui, il est dans tous les mauvais coups, objet du ressentiment sadique, de la perversion ensoleillée, du vice alcoolisé.
A la faveur de l'été, des pauvres types chopent un malheureux taureau et lui attachent deux flambeaux fixés entre les cornes.
Immobilisée, la bestiole constate ensuite que ces flambeaux sont allumés et ces cons la lâchent après dans les rues du village.
Pliés en deux de la voir courir complètement affolée (si besoin, ils balancent des pétards et autres feux de Bengale pour la perturber davantage), ils la pourchassent en attendant son épuisement définitif et fatal.
Si l'animal a eu assez de forces pour échapper à ce calvaire, il va resservir la prochaine fois, dans un autre village.
Cette fête, c'est le correbous.
Je te rappelle que nous sommes au 21ème siècle. Mais que la barbarie, la noirceur d'âme, la connerie la plus profonde s'expriment encore joyeusement, librement, de façon festive.
Je te rappelle que ce sont des êtres humains (Homo Sapiens Sapiens) qui prennent leur pied à faire des trucs semblables.
Comment veux-tu vouloir vivre dans un monde en paix, juste, fraternel, avec ces raclures de bidet, piégeurs, aficionados, viandards, tous ces malades, ces déséquilibrés, méchants comme pas deux, idiots magistraux, crétins absolus ?