Tirer au canon sur une mouche
Là, c'est du sérieux.
On s'attaque à la sécurité du territoire, des personnes et des biens.
J'ai l'habitude de plaisanter mais en l'espèce, fini de rigoler.
L'article que tu vas lire s'auto détruira après 33 mn de lecture. Je t'invite avec force à effacer toutes les traces de ton passage ici-même. Avale-le, trempe-le dans un bain d'acide sulfurique, fais tout ce que tu peux pour éviter d'avoir à reconnaître, plus tard, demain peut-être, sous la contrainte, que tu as lu ce propos et surtout, n'avoue jamais que tu l'as apprécié, même du bout des lèvres.
Tu es prêt(e)s ? Tu as pesé le pour et le contre ? Ok !
Nous vivons en démocratie. Une belle démocratie qui permet à un magistrat instructeur, en vertu d'une loi récente, de poursuivre et criminaliser, préventivement, un homme ou un groupe de personnes au motif qu'ils rentreraient dans le cadre, large, flou, d'une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.
Pour être tout à fait clair, un pôle de juges d'instruction spécialisés dans la lutte contre le terrorisme peut, sans être obligé de fournir la queue d'un élément à charge, sans apporter la moindre preuve d'une quelconque responsabilité dans la préparation d'un acte criminel (et encore moins dans son exécution), demander, exiger l'interpellation préventive de 'suspects', leur garde à vue et prononcer leur mise en examen, dans des conditions très éloignées du droit fondamental à la présomption d'innocence et du droit à être défendu.
Cette section spécialisée du parquet de Paris fait ce qu'elle veut en matière d'ouverture d'instruction.
Si tu es soupçonné(e) d'entreprise terroriste, que ce soit par un soutien logistique (détenir des tracts), financier (paiement d'une cotisation par exemple), t'es très mal barré. Très. Car on entre alors dans le domaine de l'extrajudiciaire, ce monde magique où les droits de l'homme sont restreints, limités, piétinés.
Bien sûr, si tu es surveillé(e) depuis des mois, si les services de renseignement sont persuadés que tu vas poser une bombe dans une école maternelle dès que l'occasion se présentera, je pense que bon...Un petit séjour dans les locaux de la police te remettra les idées à l'endroit.
Mais, si tu milites dans une association de protection animale, que tu te tapes des dimanches matins glacés sur les marchés à distribuer des tracts contre la fourrure, la vivisection, la corrida, l'élevage industriel, et que tu te rends compte brutalement que tu es considéré(e) comme une pièce majeure de l'écoterrorisme en France par un juge d'instruction, tu l'as un peu saumâtre.
C'est ce qui est arrivé à 3 militants des associations Dignité animale et Le Glaive le mercredi 19 novembre.
Au petit matin, les forces de police ont conduit un ensemble de perquisitions chez plusieurs militants lyonnais dans le style film d'espionnage américain : fouille minutieuse des appartements, saisie de documents, des téléphones portables et du matériel informatique (disques durs mis sous scellés).
Et après ? Garde à vue pour tout le monde. Interrogatoire juqu'à très tard. Prévenir tes proches, appeler un avocat ? Pas la peine d'y penser...En matière de terrorisme, c'est la pratique. La durée de la garde à vue peut aller jusqu'à 4 jours (parfois 6 dans certains cas).
Ainsi, Sébastien en a eu pour 27 heures, Yohan 36 heures et Titouan, 58 heures.
Mais pourquoi les a-t-on amené de cette façon dans les locaux de la police, tu vas me demander ?
Tout simplement parce qu'ils sont soupçonnés d'être en relation avec les individus de l'ALF (Animal Liberation Front) qui ont dégradé, le 29 juin dernier, du matériel du laboratoire Charles River à Saint-Germain-sur-l'Arbresle.
Charles River laboratories, c'est un acteur important dans la recherche biomédicale et pharmaceutique. C'est une société de droit américain fondée en 1947, employant 8500 salariés et chercheurs.
Elle peut être vue comme le principal fournisseur, à l'échelle mondiale, de prestations et de matériel vivant à des fins expérimentales.
Quand je parle de matériel vivant, il faut lire animaux de laboratoire. Car chez Charles River, ça découpe, ça torture, ça mutile, ça fait souffrir des quantités astronomiques de rats, de souris, de lapins...
Le site lyonnais de ce groupe emploie 325 personnes.
Les perquisitions et les gardes à vue n'ont apporté aucun élément précis, aucune preuve matérielle tendant à prouver la complicité de ces 3 camarades avec ceux qui ont détruit les biens de cette entreprise.
Evidemment.
L'intérêt caché d'une telle répression, c'est que la cible est bien plus large que le groupe modeste visé.
Cette démonstration de force policière, cette gesticulation sécuritaire n'a d'autre objectif que d'effrayer tous ceux, toutes celles, qui ont décidé de militer avec persévérance, avec efficacité, pour la cause animale et pour faire entendre la voix des sans-voix.