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Ça branle dans le manche
5 septembre 2012

En France, les animaux ne pensent pas parce que les chasseurs votent

poulpe

Tu liras ci-dessous avec profit une tribune libre signée par Pierre Jouventin (1) et David Chauvet (2) dans le quotidien Libération daté du 30 août dernier :

Les animaux en toute conscience

Darwin affirmait, il y a cent cinquante ans, qu’il n’y a pas une différence de nature mais de degré entre l’homme et les autres espèces animales. Pourtant, il y a encore quelques décennies, parler chez l’animal de conscience, c’est-à-dire des états supérieurs de l’activité intellectuelle, eût été inconcevable dans les milieux scientifiques. Il y régnait un climat de «mentaphobie» dénoncé par Donald Griffin, fondateur de l’éthologie cognitive. Ce temps semble définitivement révolu. A l’issue d’un congrès à l’université de Cambridge sur le sujet, des scientifiques internationaux renommés, dont Stephen Hawking, ont signé le 7 juillet une Déclaration de conscience des animaux (3), dont la conclusion est que «les humains ne sont pas les seuls à posséder les substrats neurologiques qui produisent la conscience. Les animaux non humains, soit tous les mammifères, les oiseaux, et de nombreuses autres créatures, comme les poulpes, possèdent aussi ces substrats neurologiques».

Le néocortex n’est donc plus considéré comme indispensable pour penser finement. Dès 1920, on a démontré que les abeilles utilisent des concepts mathématiques pour indiquer leur butin aux congénères. Or les insectes ne possèdent pas de cerveau mais des ganglions nerveux, de même que le poulpe, mollusque de génie ! Ces vingt dernières années, une avalanche de découvertes nous a réconciliés avec le règne animal dont nous nous croyions si éloignés. Les éléphants coopèrent pour trouver des solutions. Les rats estiment plus urgent de délivrer leurs congénères enfermés que de déguster des friandises. Les chimpanzés apprennent à leurs jeunes à fabriquer et à utiliser des outils pour casser des noix. Les grands singes, les dauphins, les cochons, les éléphants et même les pies se reconnaissent dans un miroir, test classique de la conscience de soi que les enfants ne réussissent pas avant 18 mois. Mais les implications ne sont pas uniquement scientifiques. Elles sont aussi éthiques, juridiques et politiques. Pourrons-nous continuer de traiter les animaux comme des choses ? Pendant la canicule, les images de ces hangars où s’entassaient les cadavres d’animaux avaient de quoi couper l’appétit de ceux qui ont un cœur en plus d’un estomac.

Notre code civil témoigne de cette chosification de l’animal, qu’il qualifie archaïquement de bien meuble (article 528) quand, en Allemagne ou en Suisse, les animaux sont expressément distingués des choses. Opposés à la reconnaissance juridique de la sensibilité des animaux, les lobbies de la chasse et de l’élevage ont obtenu lors du quinquennat précédent la mise à l’écart de toute réforme en la matière.
Bref, en France, les animaux ne pensent pas parce que les chasseurs votent.

(1) Auteur de «Kamala, une louve dans ma famille», Flammarion, 2012.
(2) Auteur de «la Personnalité juridique des animaux jugés au Moyen Age», l’Harmattan, 2012.
(3) http://io9.com/5937356/prominent-scientists-sign-declaration-that-animals-have-conscious-awareness-just-like-us.

 

 

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Commentaires
H
http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/09/05/la-chasse-en-france-jamais-le-dimanche_1755835_3244.html#xtor=RSS-3208
T
nos amis néerlandais de l'association CAS international (anticorrida) nous apprennent que le maire de San Sebastian interdit les corridas dans sa ville :<br /> <br /> <br /> <br /> No more bullfights in Donostia - San Sebastian<br /> <br /> 21.08.12<br /> <br /> <br /> <br /> The mayor of the Basque city of Donostia - San Sebastian, Juan Karlos Izagirre, has announced that from 2013 no more bullfights will take place in his city. He is not going to continue to hire out the arena of the city for bullfights.<br /> <br /> <br /> <br /> In a press conference the local authorities have indicated that they are in 100% agreement with the arguments of the anti-bullfighting movement because "the suffering of an animal should not be a public spectacle". From an economic standpoint Izagirre states that "a facility as Illumbe (the name of the bullring) cannot be maintained with public money in order to facilitate seven bullfights per year". He sees opportunities for the arena to be used for the organization of sports activities and events that do make a profit.<br /> <br /> <br /> <br /> Donostia - San Sebastian<br /> <br /> <br /> <br /> Additionally, bullfights that recently took place during the local festivities of San Sebastian, called Semana Grande (August 11 to 18), made less income and received less visitors than expected. Two thirds of the seats in the arena remained empty during the fighting.<br /> <br /> <br /> <br /> CAS International is very pleased with the decision the local government of Donostia - San Sebastian has taken. We hope that more Spanish mayors will follow the example of Izagirre to not only ban cruel bullfighting, but also condemn it openly! Namely, in Spain it is a remarkable thing that politicians publicly take a stand against bullfighting.
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