Chasse : la sottise et la méchanceté se tirent une balle dans le pied

   15:16 - mardi 07 novembre 2006-Ouest France.

"Un chasseur se tire accidentellement une balle dans le pied.

  L'accident s'est passé dimanche vers 16h, à Notre-Dame-d’Allençon, près de Thouarcé.
Un chasseur s’est tiré une balle dans le pied à la suite d'une malencontreuse manupulation de son fusil. Les pompiers et le SAMU sont intervenus pour le secourir. Après des soins intensifs à l'hôpital, la victime a finalement dû être amputée du pied".

En voilà un qui n'aura plus la possibilité de tuer une espèce protégée, de plomber n'importe quel rapace, de défourailler sur une laie et ses marcassins (c'est plus rigolo car ensuite ils peuvent assembler les cadavres en de pittoresques tableaux de chasse) ou, malheureusement, de blesser voire tuer un promeneur ou un ramasseur de chataignes.

La chasse n'est pas un loisir comme les autres, comme le tennis ou la randonnée en VTT.

C'est un passe-temps cruel,mutilateur et rabaissant.

Pierre Ferran, dans son ouvrage "les bêtes aussi ont le droit de vivre" (sorti en 1975, il est épuisé), ne manquait pas de souligner avec force que le chasseur se croit tout permis : la nature lui appartient, il a le droit de chasse pour lui. Ces chasseurs, beaucoup moins nombreux que naguère, forment toujours une fraction faible de la population mais puissante par les moyens d'action et les intérêts.
Les associations et les sociétés de chasse constituent d'énergiques instruments de persuasion auprès des édiles, élus et responsables divers, en tentant de faire annuler, amender à leur profit les réglementations qui s'opposent à leur passion pour la mort.

L'art de tuer à distance ne supporte pas la contradiction et demeure pathétiquement agressif. Cet art est fondamentalement anti démocratique, même si ses adeptes dégoisent, les yeux brillants, sur sa légitimité procédant de la révolution française (sous l'ancien régime, c'était un privilège, aboli en 1789).

Quoiqu'il en soit, la faune, la flore appartiennent à tout le monde.
Pourquoi donc, fin 2006, un million de chasseurs aurait-il le droit de massacrer faune et flore aux dépens du plus grand nombre ?
Pourquoi cette usurpation entretenue par les chasseurs perdure
t-elle ?
Parce ce qu'ils nous font peur, à juste raison d'ailleurs ?

Parce que leur insensibilité au mal, à la souffrance est inquiétante ?
Parce que cette distraction abjecte inverse l'ordre des choses, contrarie l'harmonie, souille la beauté d'une aurore, des garrigues écrasantes de soleil, des après-midis à odeur de thym ou de feuilles mortes, des vols de canards sauvages et des bonds des biches à l'orée de la forêt ?
         
Un peu de tout ça, finalement.