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Ça branle dans le manche
8 février 2007

Les biocarburants vont-ils provoquer l’extinction des orangs-outans ?

thumb_stiltwork.1170945260.jpg La course à la croissance du PIB, la frénésie de la consommation et l'inquiétude concomitante vis-à-vis des effets sur le réchauffement planétaire conduisent à des situations compliquées et nuisibles à la biodiversité.

L'exemple de l'orang-outan est à ce titre particulièrement édifiant.
Ce grand singe, cousin du gorille et du chimpanzé, est le seul qui vit en Asie. On le trouve uniquement dans les iles de Bornéo et Sumatra, en Indonésie (Kalimanta, Sabah et Sarawak) et en Malaisie.

thumb_oliver_swings.1170945214.jpg  C'est une espèce en voie de disparition. Les plus pessimistes des observateurs la voient disparaître dans les 10 ans qui viennent.
Aux causes malheureusement habituelles qui mettent la pérennité de cet animal en danger-feux de forêts, abattage illégal d'arbres pour le commerce de bois tropicaux, cultures sur brûlis, braconnage et trafic pour un marché d'animaux de compagnie- il faut ajouter celle, de loin la plus inquiétante, du défrichage des forêts pluviales afin de laisser place à de lucratives plantations géantes de palmiers à huile.

Quel est le débouché évident de cette production agricole ?  Du biocarburant.
Pourquoi ? Du fait du malaise des sociétés occidentales devant la fin programmée de l'ère du pétrole bon marché, la survenance du 'peak oil' et l'arrivée du choc climatique.

thumb_palm_oil_plantation.1170945287.jpg Sauf que pour produire 1 tonne de biocarburant, il faut un hectare d'oléagineux. Pour fixer les idées, en France, on consomme chaque année, en carburant routier, 50 millions de tonnes de pétrole.

En Indonésie, chaque minute de chaque jour qui passe, c'est une superficie de forêt tropicale équivalente à 6 terrains de football qui disparaît !
Ce milieu est le milieu naturel de l'orang-outan, grand singe arboricole  qui se déplace pour l'essentiel sous la canopée.

orangutan273720060511052007.1170950451.jpg Par conséquent, la lutte pour la conservation de cette espèce ne passe pas seulement par le financement des centres de réhabilitation, les soins aux spécimens recueillis, leur réintroduction, l'éducation des populations humaines vivant dans les villages proches.
Elle doit intervenir sur la question du défrichage et de la promotion de l'huile de palme comme le champion des biocarburants.
La culture du palmier à huile est 4 fois plus productive à l'hectare que le colza.

Il n'est donc pas étonnant de constater que l'Indonésie et la Malaisie sont les 2 acteurs majeurs au plan mondial sur ce segment, pesant pour près de 80% dans le volume global des échanges de ce produit agricole.
L'Indonésie va d'ailleurs prendre la première place de ce palmarés très prochainement, si ce n'est déjà fait.

L'ampleur des défis est énorme. Les associations et ONG qui sont mobilisées sur le problème de l'extinction de l'orang-outan ont fort à faire. La sensibilisation des autorités nationales est la pierre angulaire du combat, qui ne peut pas se limiter, on l'a dit, à la création de sanctuaires.

La pression économique est considérable. Les impératifs de la croissance prennent le pas sur toute autre considération, qu'elle soit écologique ou éthique.

thumb_sasa2.1170945328.jpg  Allez faire une visite sur le très beau site de SOS (Sumatran Orangutan Society) - http://www.orangutans-sos.org/, association qui est engagée depuis 2001 dans la préservation de ce grand singe roux et qui gère avec beaucoup de soucis financiers le centre de Bohorok.

Et imaginez la cruelle ironie de l'histoire qui nous verrait aller admirer, en 2016, les tous derniers ourangs-outans dans un zoo ou un parc animalier au volant de notre véhicule roulant à l'huile de palme importée d'Indonésie.

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