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Ça branle dans le manche
14 février 2007

La mondialisation et les puissants de ce monde achèvent la biodiversité

resize.1171455406.jpg Je suis en train de finir la lecture du dernier bouquin ("Comment les riches détruisent la planète". Le Seuil. 14 EUR) d'Hervé Kempf, journaliste au quotidien Le Monde, en charge des questions environnementales et écologiques.
Son propos est de montrer que dans la crise écologique planétaire actuelle, les hyper-riches, ce qu'il appelle l'oligarchie mondiale, qui deviennent de plus en plus riches au fur et à mesure que la pauvreté augmente, que la démocratie périclite et que la biosphère agonise, tiennent une place prépondérante dans la mesure où ils définissent les modes de vie de leur époque (consumérisme, gaspillage, productivisme, course à la puissance et l'ostentation...).

C'est un livre très stimulant, qui aborde évidemment la question de la décroissance, de la sobriété volontaire, qui revendique le " consommer moins, répartir mieux", liant la question sociale et la question écologique.
On retrouve nombre de thèmes portés à l'époque par René Dumont (candidat à la présidentielle de 1974, précurseur de l'écologie politique et farouche adversaire de l'agriculture productiviste) et par Pierre Rabhi, aujourd'hui.

Le livre de Kempf débute par un développement de la question du réchauffement climatique et des catastrophes qui y sont associées. Il ne se contente pas de relever les conséquences de l'impact écologique de nos sociétés sur les ressources en hydrocarbures et l'élévation des seuils de gaz à effet de serre.
Il s'attache aussi à l'épuisement des sols, la destruction des forêts, l'artificialisation des surfaces, la pollution par les pesticides, toutes choses qui conduisent à la réduction très préoccupante de la biodiversité.

images.1171455320.jpg Le point de rupture semble être atteint. Le Millenium Ecosystem Assessment (http://www.maweb.org/en/Index.aspx) le dit plus abruptement : " la machinerie vivante de la terre a tendance à passer d'un changement graduel à un changement catastrophique sans guère d'avertissement. Une fois qu'un tel point de rupture est atteint, il peut être difficile voire impossible aux systèmes naturels de revenir à leur état antérieur".

La problématique de la réduction de la biodiversité est aussi, sinon plus, importante que celle du renchérissement du coût du baril de pétrole et la recherche de carburants de substitution.

Pour prolonger la réflexion, je vous livre l'introduction au rapport du colloque organisé par l'IFB (Institut Français de la Biodiversité- http://www.gis-ifb.org/ifb) et le CIGC sur la question de la biodiversité et le changement global, au début de l'automne 2006.
Ce rapport avance que " le changement global ne se limite pas aux seuls changements du climat et de la composition de l’atmosphère. D’importantes modifications liées aux changements d’usage des terres et des milieux aquatiques sont attendues ou sont déjà observées.
Ces modifications d’usage sont de deux types :
– une intensification des usages dus à l’accroissement de la pression anthropique (aménagement, déforestation, défrichage, intensification agricole, surexploitation, pollutions diverses, accroissement du commerce international, introduction d’espèces, OGM…).
- un
abandon des usages (déprises agricoles, reforestation…)."

Les activités anthropiques se répercutent sur les interactions entre les multiples niveaux d'organisation du vivant (du génome à l'écosystème). Le principe de précaution  n'est plus suffisant.
Le catastrophisme éclairé tourne dans le vide.
Seule la reconsidération de la croissance et des normes et impératifs qui l'accompagnent permettra le sursaut.

cb001063.1171455307.jpg " Le changement global est la conséquence d’une empreinte écologique humaine considérable.
Une formidable expérience à l’échelle de la planète, dont nous sommes à la fois les
expérimentateurs et les sujets, est en cours.
L’utilisation de la biodiversité fossile (gaz, charbon, pétrole) à un niveau jamais égalé affecte le climat de la planète par le rejet de gaz à effet de serre. L’urbanisation et l’intensification agricole accroissent la fragmentation des habitats.La production de nombreux polluants affectent tant les cycles biogéochimiques (intrants agricoles) que la physiologie des organismes vivants, y compris celle des humains (augmentation de la pénétration d’UV, perturbateurs endocriniens …).

La mondialisation accroît le commerce international, homogénéise les modes de vie et les cultures avec une disparition probable de 50% des langues humaines dans les 30 prochaines années.Les échanges d’organismes vivants sont en constante augmentation, ce qui contribue à homogénéiser les faunes et les flores.
Les échanges commerciaux, le changement climatique
et les changements d’usages des terres favorisent les émergences de pathogènes avec des
conséquences importantes pour la santé animale, la santé des plantes et la santé humaine.
      

La fragmentation des habitats et les bioinvasions augmentent les taux d’extinction
des espèces. Les ressources vivantes sont fortement affectées tant par la surexploitation (chasse, cueillette, pêche) que par le changement climatique, avec par exemple de nombreux exemples (cas d’effondrement de pêcheries).

p5.1171455633.jpg

Selon le Millenium Ecosystem Assessment, 60 % des écosystèmes sont dégradés à des degrés plus ou moins importants.  L’émergence de nouvelles puissances économiques au sud (Chine, Inde, Brésil…) augmente les besoins énergétiques mondiaux et l’intensification des transports, avec des conséquences sur les niveaux de rejet de gaz à effet de serre.
L’exploitation sur de très grandes superficies des OGMs est une réponse de nombreux pays à la demande d’intensification de la production agricole. Enfin, la stabilisation de la population humaine globale à un niveau probablement inférieur aux précédentes estimations laisse quand même poser de manière cruciale la nécessité de nourrir au moins 10 milliards d’êtres humains d’ici 2100.
                                    
L’humain, produit de l’évolution, est la seule espèce en mesure d’affecter l’ensemble de la biosphère, et donc les capacités adaptatives et le futur de toutes les autres espèces."

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