L’extrême-chasse dort à l’Elysée, mange à Matignon, travaille avenue de Ségur

En y réfléchissant bien, c'était évident que ça allait nous tomber sur le coin de la gueule.

Et quand je dis 'nous', je pense bien sûr aux vanneaux huppés, canards colverts, courlis cendrés et autres pluviers.

-Chantal Jouanno, conseiller développement durable auprès de l'omniprésident (d'après la liste officielle, publiée le 1er novembre 2007, de l'équipe présidentielle).
-Frédéric Nihous, sergent-chef de CPNT rallié à Sarko qui est chargé depuis peu,  en récompense, d'une mission à la mord-moi-le-noeud (d'une durée de six mois) afin d’établir un rapport sur la chasse ruralité, l’exploitation agricole et la chasse et son environnement et la chasse.
-Thierry Coste, profession lobbyiste, qui bosse aujourd'hui pour la Fédération nationale de la chasse (lui qui disait, en avril 2006, que son taf consistait à "éviter que des lois inutiles apparaissent à chaque fois qu'un fait divers provoque la mort d'une personne par arme à feu" et "à faire en sorte que les ministres de l'Intérieur s'occupent des armes de guerre dans les banlieues, plutôt que des armes de chasse dans les campagnes").
Ce même T.Coste vient donc d'adresser un e-mail à l'ensemble des élus UMP à l'Assemblée Nationale afin qu'ils fassent le 'bon choix' en élisant Jérôme Bignon comme président du groupe chasse des parlementaires.
J.Bignon est député de la Somme, très attentif aux problèmes ruraux et surtout, il est président de Rivages de France, président des Plus Belles Baies du Monde, et dernièrement, président de la commission permanente du Conseil National du Conservatoire du Littoral, et de l'Agence des aires marines protégées. C'est vous dire sa conception de la protection.
Des instances adéquates pour faire passer les intérêts des viandards...sans opposition.

Comme le dit T.Coste, il s'agit évidemment de "peser sur les orientations de l'après-Grenelle de l'environnement".

Où voulais-je en venir ?

Ah oui !

Les premiers résultats du boulot de ces VRP de l'extrême-chasse sont connus :  le ministère de l'Environnement prévoit de prolonger de 10 jours la chasse au gibier d'eau (10 février) et de 10 jours la chasse aux oies, bécassines et pigeons (20 février).

Une modification des dates de chasse qui est un véritable cadeau (à 3 semaines de noël en plus) distribué aux tueurs de l'aube.
Réalisée sans concertation. En douce. Sur un coin de table.

Plusieurs ONG crient au scandale. Affirment que cette décision est "contraire à l'esprit du Grenelle de l'environnement".

Ce Grenelle de l'environnement, c'est de l'écologie officielle. Du vent, des promesses creuses, du pipeau pour que rien ne change.

L'esprit du Grenelle, c'était du consensus mou, écoeurant de bonnes intentions, si sucré que N.Hulot se disait " heureux, confiant".

La réalité elle, est prosaïque : l'extrême-chasse dort à l'Elysée, mange à Matignon, travaille avenue de Ségur et se délasse dans nos campagnes, le week-end, en donnant la mort.