Osons ! Sauvons le vison de Langon
L'autoroute est peut-être de Gascogne mais le vison n'est pas très vaillant.
Je vais te raconter une belle histoire. Emerveillé tu seras. Elle ne se déroule pas en des temps très anciens mais au contraire, elle connaîtra son épilogue prochainement, sous l'ère Sarkozienne.
Où il est question de relier, par une autoroute (A65), Pau à Langon.
Pourquoi ? Pour relier Pau à sa capitale régionale, Bordeaux et mettre cette dernière à proximité des stations de ski pyrénéennes (en jargon technocratique, ça s'appelle dynamiser le secteur touristique des Pyrénées centrales).
Autre avantage avancé, ce tronçon de 150 km (2X2 voies) permettra de désenclaver Mont-de-Marsan (amélioration des dessertes).
Langon, si tu n'as jamais eu une carte routière de la région Aquitaine sous les yeux, est, je te le précise, une commune située à quelques 40 bornes au sud de Bordeaux, sur la A62 en direction d'Agen.
Donc, la réalisation de cette autoroute dite de Gascogne est prévue pour octobre 2010 et a été confiée à A'LIENOR, une structure dédiée composée des groupes EIFFAGE (concessionnaire et constructeur) et SANEF (opérateur de réseau).
Ce projet d'autoroute a bien sûr des opposants. Pour tout un tas de bonnes raisons : il néglige l'intérêt écologique des zones humides traversées où vivent de nombreuses espèces en danger, c'est un projet d'une autre époque, qui ne tient pas compte du défi climatique, des enjeux environnementaux car élaboré sans réflexion énergétique...
Cette autoroute A65 a été qualifiée d'inutile par les opposants regroupés sous le vocable de 'l'appel des 9 fontaines', inutile et néfaste car elle détruirait des milliers d'hectares de forêt, de zones humides, enterrant à l'occasion deux espèces en grande précarité, l'Ecrevisse à pattes blanches et le Vison d'Europe.
Le Vison d'Europe, justement.
Mustela Lutreola. Il ne subsiste (avec quelles difficultés !) que dans quelques départements.
Il est de la famille des mustélidés, comme la belette, la fouine, le putois ou encore l'hermine.
Il vit près de l'eau, surtout la nuit et au crépuscule.
Jeudi 20 mars, le Comité permanent du Conseil national de protection de la nature a estimé que les mesures de compensation vis-à-vis de la protection de ce petit animal à fourrure présentées par la société A'LIENOR restaient insuffisantes et a rejeté à l'unanimité moins une abstention la "demande d'autorisation de destruction d'espèces protégées".
Ce Comité, ce n'est pas n'importe quoi; il s'agit de la structure permanente du Conseil national de la protection de la nature (présidé par le ministre de tutelle) qui a pour mission de donner un avis au ministre et de préserver et restaurer la diversité de la flore et de la faune sauvages et des habitats naturels.
Composé de 14 membres, ce Comité permanent se réunit toutes les fois qu'il est nécessaire.
Autrement dit, l'avis qu'il a donné à Jean-Louis Borloo sur l'autoroute de Gascogne constitue un sérieux coup d'arrêt au projet.
Les experts d'A'LIENOR avaient d'ailleurs reconnus, sans qu'on les y contraigne, que les mesures qu'ils se préparaient à prendre pour protéger le vison ne seraient assurément pas suffisantes.
L'avis du Comité permanent est consultatif. La décision appartient désormais à Jean-Louis Borloo qui, souvenez-vous en, s'était engagé, au sortir du Grenelle de l'environnement, à geler les nouveaux programmes autoroutiers et à stopper la perte de la biodiversité à l'horizon 2010.
Ce projet de la A65 a du plomb dans l'aile. Même s'il va être amélioré pour être représenté au Comité permanent.
De vous à moi, je crois savoir que le ministre est très attaché à l'esprit du Grenelle de l'environnement.
Espérons. Les travaux sont stoppés. C'est déjà ça.