Oleg Kulik : entre animalité et humanité
Oleg Kulik est un artiste plasticien ukrainien né en 1961, reconnu, consacré, qui mène performances de rue et expositions. C'est un artiste engagé, radical (au sens premier de racine), très éloigné des codes artistiques en vigueur aujourd'hui.
L'animalité, le sauvage, la violence, l'invisible 'bête' qui est en nous, sont les thèmes porteurs de son oeuvre.
Il choque, provoque et heurte la bien-pensance et le conformisme en déroulant ce qu'il appelle son programme zoophrénique.
Le 24 octobre dernier, deux jours avant la fermeture du salon de la FIAC (Foire Internationale d'Art Contemporain) à Paris, des policiers en civil sont venu décrocher et saisir, sur ordre du parquet, des photographies de cet artiste au motif qu'elles relevaient de l'article 227-24 du Code pénal (relatif à la diffusion d'images à caractère violent ou pornographique ou contraire à la dignité humaine).
En résumé, Oleg Kulik a été censuré pour avoir exposé, prétendument, des photos de nature zoophile ou pornographique.
En voilà une :
Oleg Kulik avait déclaré en juillet 1995 : " Aujourd'hui, les bêtes ne peuvent pas résister à la férocité des hommes, elles n'ont pas de droits politiques.Elles ne sont que des marionnettes enchaînées, quoique c'est l'homme qui devrait être enchaîné.Je suis de ce combat pour le droit des animaux, je suis leur député aux élections".
Le cliché qui ouvre mon article le montre, en 1994, dans un marché moscovite, déguisé en christ (avec des sabots à la place des mains), debout sur un étal de boucherie.
Il tient un porcelet dans les bras et lance un nouveau sermon à l'adresse de la population. Malgré plusieurs tentatives, on n'a pas réussi à le chasser de ce 'Temple' des marchands et des bourreaux.
Car oui, Oleg Kulik a hurlé, gémit, beuglé pendant de longues minutes et ensuite, a interpellé les gens présents sur l'imperfection de l'humanité au nom de tous les êtres vivants et en particulier, de chaque porcelet tué vainement.