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Ça branle dans le manche
22 mars 2007

La mondialisation du déboisement durable

images.1174574130.jpg  C’est une dépêche AFP du 21/03/2007 qui l’annonce :

" Le gouvernement ougandais va demander au parlement l’autorisation de détruire plusieurs milliers d’hectares de forêt tropicale protégée pour y implanter une plantation de canne à sucre, a indiqué un journal d’Etat mercredi.
Le projet vise la destruction de 7.000 des 30.000 hectares de la réserve de la forêt de Mabira (est de Kampala) afin que le groupe Mehta, installé en Ouganda, y installe une exploitation sucrière, rapporte le journal New Vision.


Le Premier ministre Apollo Nsibambi a ordonné à son ministre de l’environnement Mary Mutagamba de demander au Parlement de retirer cette portion de forêt d’une liste de forêts tropicales protégées par le gouvernement, selon la même source.
Selon des sources officielles, le président ougandais Yoweri Museveni veut étendre la surface agricole et industrielle du pays afin de dynamiser une économie dépendante de l’aide internationale.

             
Les défenseurs de l’environnement estiment de leur côté qu’un nouvel empiètement sur la forêt tropicale pourrait menacer jusqu’à 312 espèces d’arbres, 287 espèces d’oiseaux et 199 espèces de papillons.
       
“Ca va être un désastre. L’écosystème va être perturbé, la biodiversité détruite et les moyens de subsistance de la population vont se dégrader”, a indiqué un responsable de l’Autorité nationale de la forêt sous couvert de l’anonymat.”

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Que voulez-vous, c’est une very bad news pour la biodiversité mais en même temps, on est mal placé pour donner des conseils à ces pays pauvres, à peine émergents, qui surexploitent leur environnement pour simplement en vivre.
                      

J’entends bien, il faudrait que nous (sous-entendu les pays riches, industrialisés) aidions les pays pauvres à sauver ce qui relève évidemment du patrimoine de l’humanité, à concilier développement et respect du milieu vivant et ne pas se comporter, comme nous le faisons, comme un 'species killer'.
               
Mais c’est mal engagé. Notre passif est très lourd, entre massacres et trafics d’espèces menacées et destruction des équilibres naturels.

Je rappelle que la France est le premier consommateur européen de pesticides, avec environ 75.000 tonnes par an, et le troisième mondial et qu’en matière de respect du vivant, le lobby de la chasse et l’activité agro-industrielle plombent des années de crédibilité.
          
Mais bon, il faut lutter, relever le défi. Des pays l’ont fait, tels le Kenya ou l’Inde.
Pas l’Indonésie ! Et pourtant, dieu sait si l’attention des défenseurs du vivant (donc de l’homme) est portée sur ce pays et son laxisme vis-à-vis de la déforestation et du pillage de sa forêt primaire.

                               
Emmanuelle Grundmann en a fait son nouveau combat.
               
Cette amie des grands singes, directrice de l’Institut Jane Goodall (
www.janegoodall.fr/), célèbre primatologue, qui, à l’image de Dian Fossey, a consacré sa vie, en Tanzanie, aux chimpanzés, dénonce la très mauvaise situation des forêts mondiales, au lendemain d’un rapport de la FAO qui dit qu’entre 1990 et 2005, le monde a perdu 3% de son couvert forestier.
E.Grundmann, auteure d’un livre récent (Ces forêts qu’on assassine- Editions Calmann-Levy) s’est confiée au quotidien Libération daté du 20 mars.
                     
En voici quelques extraits;

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" Où la situation est-elle la plus tendue ?

Il y a un siècle, les forêts couvraient 12 % à 16 % des terres immergées, aujourd’hui c’est 5 %.
Tous les ans, 7,3 millions d’hectares disparaissent, c’est-à-dire la surface du Panamá.
La forêt la plus malmenée, la plus en danger, c’est celle d’Asie du Sud-Est.
          
L’Indonésie a perdu 80 % de sa couverture végétale. La déforestation y a vraiment commencé avec l’arrivée de Suharto au pouvoir, en 1966. Il a bradé la forêt et a mis en place un système de barons du bois avec une corruption hallucinante. Les essences intéressantes ont quasi disparu en dehors des parcs nationaux, sauf qu’aujourd’hui elles sont exploitées même dans ces parcs. C’est une logique de profit à court terme : le bois est confisqué par les autorités, les barons du bois le rachètent et le remettent sur le marché comme étant du bois provenant de forêt d’exploitation ­ donc légal.
Depuis peu, ils s’attaquent à la Papouasie-Nouvelle-Guinée qui possédait une des dernières forêts intactes et ils ont passé des contrats avec la Chine. Ça arrange le pouvoir de Jakarta qui aimerait se débarrasser des mouvements indépendantistes papous.
 

Par quoi remplacent-ils les forêts ?
                                              
Par de grandes plantations. L’Indonésie par exemple s’est spécialisée dans l’huile de palme qui est utilisée partout : les cosmétiques, les détergents, les plats surgelés, le chocolat, les shampoings… Les ONG qui travaillent là-dessus sont inquiètes car on parle énormément des biocarburants (qu’il faudrait plutôt appeler agrocarburants car ils n’ont rien de bio), mais personne ne voit qu’on ne va pas se contenter des produits de l’agriculture fançaise en biocarburants.
            
On ira se fournir en huile de palme car le coût de production sera très peu élevé : la Malaisie et l’Indonésie sont dans les starting-blocks et n’attendent que ça.
L’Indonésie, qui veut devenir le premier producteur devant la Malaisie, produisait déjà plus de 2 millions d’hectares de palmiers à huile, elle a voté un plan quinquennal pour convertir 7 millions d’hectares supplémentaires et près de 16 millions sont aujourd’hui programmés.
L’objectif au niveau mondial est de passer de 22 millions de tonnes à 40 millions avec tout ce que cela implique : dans le meilleur des cas, on rase mais souvent on met le feu.
En 1997-1998, en Indonésie, d’énormes feux ont détruit de grandes parties de la forêt : on a d’abord accusé El Niño, on sait que c’est faux : 60 % à 75 % avaient été allumés par des propriétaires de plantations d’huile de palme pour agrandir leur palmeraie

         

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