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Ça branle dans le manche
28 mars 2007

REQUIEM pour les poissons

thon-rouge.1175070085.jpg  Hier soir, la lecture du dernier numéro (avril 2007) de National Geographic-France m’a mis un coup derrière les étiquettes.
C’est un spécial océan. Enfin, ce n’est pas un numéro conventionnel puisqu’il se consacre à l’épuisement des réserves halieutiques (chers visiteurs et chères visiteuses, vous pouvez me dire merci car en une semaine, vous saurez ce que signifie halieutique et benthique-cf ma note du lundi 26-, ce qui permet à ce blog d’être agréable et utile à la fois).
Et quand je dis épuisement, c’est un euphémisme.
                        
L’édito n’y va pas par 4 chemins : « Pourtant, en ce début de XXIème siècle, l’impensable se déroule sous nos yeux.
L’insatiable humanité, avec les européens figurant en bonne place, est en train de vider les océans. Tous les voyants sont au rouge. Les techniques de pêche, l’attrait des consommateurs pour certains poissons, l’insuffisance ou le peu d’application  des règlementations transforment nos immenses mers et océans en une jungle où les plus forts gagnent.
Or ceux-ci ne sont sûrement pas les grands requins blancs mais les énormes bateaux qui piègent des millions de tonnes de poissons dont une partie est rejetée à la mer car non conforme aux standards des consommateurs. »
         
Immense gâchis, colossal gaspillage, irresponsabilité totale.Ce grand dossier fait froid dans le dos.

image-07-03-02-12-11-30-ok.1175073655.jpg  Entre la pêche au requin  (le requin est pêché, remonté sur le pont du bateau, on lui découpe ses nageoires avant de le rejeter à l’eau, exsangue) qui provoque la mort de 40 millions de spécimens (oui, 40 millions!!!)  chaque année, tués uniquement pour leurs nageoires, les tonnes de poissons prélevées puis remises à l’eau pour ne garder que quelques kilos de crevettes, le chalutage à l’aide de filets immenses tenus ouverts par de lourdes portes qui raclent les fonds jusqu’à l’arrête, happant aveuglément tout forme de vie marine (et plus de 50% des espèces rejetées), le constat est terrible.
            
La surpêche est un crime contre la nature. L’exemple du thon rouge de méditerranée est tragique à cet effet.

Pour approvisionner les marchés mondiaux du sushi (surtout le marché japonais), ce magnifique animal (qui peut vivre jusqu’à 30 ans et peser près de 680 kg) risque de disparaître…à jamais.
       
On en pêche 4  fois plus que le taux durable. Les stocks sont dévastés, pulvérisés.
Face à la pression exercée par les écologistes et le comité scientifique de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA), la Commission Européenne a adopté un plan de réduction des prises qui devront diminuer au niveau mondial de 32.000 tonnes aujourd’hui à 25.500 tonnes en 2010.
   
Un plan qui s’accompagne de la mise en place de mesures de contrôle visant à lutter contre le dépassement des tonnages autorisés, et de conditions de pêche plus drastiques comme la taille minimale des prises qui est relevée de 10 à 30 kg, l’interdiction du repérage des bancs de thon par avion, et la diminution des périodes de pêche, les bateaux ne pouvant plus sortir que pendant 6 mois.
                  
Mais ces quotas sont encore trop excessifs. C’est trop frileux, ça ne rime à rien. Certains pays s’arrogeant, par ailleurs, le droit de dépasser (c’est le cas de la Turquie), les seuils autorisés.
       
En 1980, on pêchait grosso modo 2,5 millions de tonnes de thons à l’échelle mondiale. En 2004, la capture est passée à 6 millions.
La population de l’un des plus gros poissons du monde est en train de s’éteindre. 

Le processus de la surpêche est aggravé par les appareils hyper sophistiqués (GPS, échosondeurs etc)  des bateaux à senne, français comme italiens. De l’avis d’un capitaine de pêche, “le poisson n’a aucun moyen de s’échapper”, des avions de reconnaissance effectuant même des repérages, en toute illégalité, des bancs de ce poisson.

Quelle misère. Quelle tristesse. Dorades, thons rouges, requins, morues, espadons, aucun animal n’échappe à la surpêche.
         
Même les pays d’Afrique de l’ouest qui pratiquaient il y a peu une pêche artisanale participent dorénavant à l’épuisement des ressources des mers, par la concurrence et la production à l’exportation destinée…au vieux continent.
Les pêcheurs ne gardent que les crevettes et balancent tout le reste à l’eau.
         
Que faire ? J’ai mon idée. Je l’applique depuis bien longtemps. Mais nous en reparlerons. Promis, juré.
Car ce n’est plus possible de continuer dans la voie de ce lent suicide moral et écologique.

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