Corrida : que signifie jouir du spectacle de la mort ?

Hier, j'ai reçu le dernier bulletin (n°26) de l'Alliance Anticorrida, association située à Nimes qui se bat, comme d'autres, contre ce loisir barbare ( www.anticorrida.org).

Michel Onfray, philosophe dont la notoriété ne cesse de croître, en est membre d'honneur, à l'instar de F.Cavanna, N.Hulot, Renaud etc.

Michel Onfray a écrit un billet qui résume, illustre et relève exactement de quoi il est question quand on s'oppose à la tauromachie.
Je vous le livre in extenso, car sa qualité est grande.

" La poignée d'arguments des défenseurs recycle toujours les mêmes lieux communs.
Or tous évitent cette question cardinale : que signifie jouir du spectacle de la mort ?

Car il s'agit bien de cela: fanfare et habits de lumière, discours techniques et justifications esthétiques, bénédictions littéraires et légitimations cathartiques n'y font rien : on paie, on se regroupe, on s'excite, on vocifère en bande, le tout pour connaître l'orgasme dès que le tueur ôte la vie.

Qu'exprime ce désir de se rouler mentalement dans le sang chaud, sinon la jubilation de la plus mauvaise part en soi ?

Rien ne justifie, dans une civilisation, qu'on préfère la barbarie et le spectacle des instincts les plus vils en l'homme à ce qui l'élève au-dessus des primates.

Le nom de ce reliquat de la bête brute en l'homme ? La pulsion de mort .

Tout ce qui l'entretient, la chérit, la choie, la flatte, la caresse ou la nourrit ralentit l'humanité.

La corrida, la chasse et la guerre, sinon les combats de coq ou de chiens, voire les rixes entre mammifères dits supérieurs mettent toujours en scène des acteurs disposant d'un impérieux psychisme primitif.

Et tout goût pour le spectacle de la pulsion de mort révèle le désir de la puissance de l'impuissant."