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Ça branle dans le manche
1 mai 2007

Tirez, ce ne sont que des ouvriers!

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C'étaient des temps, il y a un peu plus d'un siècle, où les puissants, les très riches, ne faisaient pas semblant d'avoir peur.

Répression disproportionnée, meurtrière, inqualifiable, telle était la manière des possédants, de la classe aisée, pour empêcher l'organisation et la mobilisation des travailleurs, ces canailles comme on disait à l'époque.

Le tout premier 1er mai, à Paris, en 1890, avait vu l'arrivée de troupes, en provenance de Versailles (forcément !) si nombreuses que l'on aurait dit que la capitale était en état de siège.

La bourgeoisie avait eu tellement les foies qu'elle avait fait mettre tous les postes de police et les batteries d'artillerie en alerte permanente.
Heureusement, il ne s'était rien passé de dramatique ce jour là.

En 1891, ce 1er mai, à Fourmies (nord de la France), l'ambiance était certes un peu tendue le matin mais au final, le défilé de l'après-midi avait débuté sans se montrer menaçant.

La troupe, munie pour la première fois, de fusils Lebel, remplaçant les vieux et lourds chassepots, était postée massivement en ville.

Maria Blondeau, jeune fille de 20 ans, un rameau d'aubépine à la main (la fleur du 1er mai, c'était l'aubépine et non le muguet) marchait en tête de cortège.

Feu ! Elle fut littéralement scalpée. On ne retrouva jamais sa longue chevelure rousse.
Le petit Emile Cornaille (10 ans) fut criblé de balles aux portes d'un estaminet où il tentait de se réfugier. On trouva, dans ses poches, une arme terrible, de celle qui donne des frissons aux nantis : une toupie.

Et il y eu Louise Hublet (20 ans), Charles Leroy (21 ans), Gustave Pestiaux (16 ans), Emile Segaux (30 ans), Félicie Tonnelier (17 ans, une balle dans l'oeil gauche, 3 autres dans la tête), Maria Diot (17 ans) et Kléber Giloteaux (19 ans).

9 tués. Une stèle, à Fourmies, commémore cette ignominie.
Le commandant Chapus, qui avait donner l'ordre d'ouvrir le feu, fût décoré par le général Gallifet, boucher de la Commune de Paris, expert en fusillades et exécutions sommaires.

Le rappel à l'histoire exaspère certains.
Mais nous savons bien que celui qui ne tient pas compte du passé est condamné à le revivre;

que le prix à payer pour conquérir la journée de 8 heures (8 heures de labeur, 8 heures de loisir, 8 heures de repos) fût très élevé, que le 1er mai, c'était d'abord et avant tout une journée de lutte, à l'échelle internationale, où s'exprimaient la colère, les revendications et les espoirs de ceux qui n'avaient rien, que leur force de travail à louer pour des clopinettes.

En face, il y avait les capitalistes (qu'on appelle, aujourd'hui, les laudateurs décomplexés du libéralisme, c'est plus 'soft'), les nantis, les exploiteurs.

La réaction contre la canaille. Les indices boursiers contre les malheureux.

Alors, quand j'entends un candidat à la présidentielle, de surcroît copain avec une belle brochette de milliardaires, faire la promotion du 'travailler plus pour gagner plus', j'écris aujourd'hui, en ce mardi 1er mai 2007, les mains tremblantes, que Maria Blondeau est peut être morte pour rien.

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