SWEET HOME ALABAMA

Dimanche soir, à l'heure où A.Juppé se rongeait les moignons dans l'attente de son score définitif, ARTE avait programmé un film tout à fait excellent, que j'ai vu et revu et que je revois encore, les tripes remuées.

C'est de "Mississipi burning" dont il s'agit, d'Alan Parker. Je ne vais pas vous faire l'injure de vous dire de quoi il retourne.

J'avais été voir ce film dès sa sortie, en 1988 et il fait désormais partie de mes classiques.
De manière assez nette, j'accroche vite à des récits qui abordent le thème de l'ultra-droite américaine, de cette amérique klaniste, de cette résistance blanche, parce que, très engagé à l'époque dans la lutte anti-apartheid, je savais que les petits blancs de l'Invisible Empire soutenaient financièrement, idéologiquement, pragmatiquement, le régime de Prétoria au nom de la guerre des races. 

Je ne connais pas la logique des programmations sur ARTE mais ce serait une curieuse coincidence que la rediffusion de "Mississipi burning"  ne soit pas en rapport avec la réouverture récente du procès de James Seale, un ancien policier, aujourd'hui âgé de 71 ans, membre du KKK, soupçonné du meurtre de 2 jeunes noirs de 19 ans (Henri.H.Dee et Charles.E.Moore) en 1964.

Cette ordure avait été relâchée à l'issue du 1er et seul procès, faute de preuves. Bon, le jury était entièrement composé de blancs, comme d'habitude, mais en ces temps pas si lointains, en ces endroits du sud des Etats-Unis, fallait pas trop la ramener...
Il vous faut savoir que le Klan soutenait inconditionnellement la police et qu'à l'inverse, se défiait sans demi-mesure de la justice, accusée de prêter attention aux jérémiades des nègres, des juifs, des homosexuels et des communistes.
Et celui qui voulait contester les "règles" du jeu était soit extrêmement dépressif soit terriblement idéaliste.

Cette saletée avait donc été disculpée, comme son complice, et avait disparu de la circulation. Tout le monde la croyait morte. Sauf le frère de l'une des victimes, qui a réussi à la localiser dans le... Mississipi et à obtenir, en 2000, la réouverture du procès.

Le tribunal fédéral de Jackson a été choisi par le Ministère de la justice pour instruire l'affaire. 12 jurés à choisir d'abord, depuis le 30 mai, parmi 300 sélectionnés. 43 ans après les faits.

J.Seale va plaider non-coupable ! Son complice, en échange de faveurs judiciaires, va témoigner... à charge !

Même si le klu Klux Klan est devenu moins inquiétant, son pouvoir de nuissance est réel. Les procureurs d'ailleurs, ont requis l'anonymat pour les jurés.

Le KKK, société clandestine, hiérarchisée et très cloisonnée, a beaucoup évolué depuis 1866. Typiquement raciste, ségrégationiste, suprématiste au début, il a profité, si je puis dire, de l'accession au pouvoir d'Hitler pour se nazifier.

Aujourd'hui, il porte certes violemment la revendication originelle de la suprématie d'une société blanche et chrétienne mais demeure habité jusqu'à l'os par le nazisme, se voulant ainsi le modèle du parti raciste et fasciste unifié. 

Son influence est attestée dans le champ politique quand des questions tournant autour de la peine capitale, de la liberté du port d'arme, de la "dégénérescence" des moeurs agitent le débat public, au Texas, en Georgie ou en Arizona.

On ne dira pas tout ce que les présidences Reagan (la série des Rambo est sortie à cette époque) et Bush junior ont pu apporter comme air frais à l'ultra-droite américaine, ce serait beaucoup trop long.

La dénonciation des ennemis de l'Amérique, par exemple...

Un autre très bon film, réalisé par Costa-Gavras, montre comment un petit fermier blanc, sympathique à première vue, aimable et le coeur sur la main se révèle être un de ces tarés racistes, militaro-religieux quand ce n'est pas révisionnistes.

Le titre de ce film, c'est "La main droite du diable".

Au fait, KKK ne vient pas de Kill Kill Kill comme on le pense généralement; s'agissant d'un mouvement secret, mystérieux, le nom procède du mot grec Kuklos (cercle) et bien sûr du mot clan, la prononciation en ou et en ks ne servant que pour renforcer l'allitération.

On en apprend des choses hein ?