Michel Strée sous l’aile des rapaces

La vengeance est un plat qui se mange surgelé.

C'est bien ce que pense et ce que vit Michel Strée depuis le mercredi 8 août.

Ce jour là, des policiers accompagnant les services de la Division Nature et Forêts de la Région Wallone sont venus saisir, dans les volières, la vingtaine de rapaces (hiboux grand-duc, milans, chouettes...) qu'il soigne, entretient et cajole dans son centre de réhabilitation d'Aywaille, en région liègeoise.

Installé dans une ancienne carrière, ce centre recueille, depuis 10 ans, des bêtes à plumes dont ne veulent plus les particuliers, les zoos, les parcs. Ces rapaces sont souvent blessés, esquintés et promis à l'euthanasie.

L'euthanasie, Michel Strée ne veut pas en entendre parler ! Pour lui, il n'est pas question de faire mourir un animal, même considéré comme 'irrécupérable'.

Mézenfin, vous dites-vous, c'est quoi ce truc ? Etonnement et incompréhension... Qu'est-ce qu'il leur prend, aux autorités, pour emmerder un  type aussi formidable ?

C'est simple; cet homme de 48 ans qui sauve les oiseaux n'a pas d'autorisation pour détenir ces animaux.

M.Strée fulmine : " Voilà 10 ans déjà que je réclame mon agrégation ! Voilà 10 ans que je fais les démarches pour l'obtenir, mais on me la refuse. Moi, ce que je demande, c'est qu'on enlève cette épée de Damoclès qui est suspendue sur la tête de mes oiseaux. Mais voilà, pour obtenir une agrégation pour tenir un centre de revalidation, il faut, entre autres, un certificat de bonne vie et moeurs.
Et mon passé judiciaire m'en empêche... Je sais que je suis dans l'illégalité. Mais peu importe, je me battrai pour sauver les oiseaux."

Le passé judiciaire dont il est question remonte à longtemps, ça fait un bail même et il n'y a pas eu mort d'homme.

C'était un autre siècle. Michel, révolté, écorché vif, sensible à l'extrême, avait détourné un bus scolaire en novembre 1980 pour attirer l'attention des médias et de l'opinion publique sur les injustices sociales qui avaient cours dans son pays, la Belgique. Action irréfléchie, maladroite, qui s'était terminée pacifiquement, sans heurts.
Il avait demandé au chauffeur du bus, sous la contrainte, de conduire le véhicule devant les studios de la RTBF pour qu'il puisse prendre le monde à témoin et crier sa rage, son dégoût de l'injustice.

Un peu de taule, acquitté. Réinsertion réussie. Toujours en quête d'un monde meilleur, il a l'âme d'un Robin des Bois.

Passionné depuis qu'il est gosse par les oiseaux, il s'est dévoué, sans gros moyens, pour redonner une vie paisible aux bestioles à becs et à plumes qui lui sont confiées.

Jusqu'à la semaine dernière.

Les rapaces ont donc été saisis, sans ménagement, dispersés et placés dans des centres.

Michel se bat, depuis, pour obtenir la restitution de ses animaux et la délivrance de ce fameux certificat de capacité.

Pétition, lettre ouverte, diffusion de l'info, tout est mis en oeuvre pour sensibiliser l'opinion publique à la cause de Michel Strée et de ses oiseaux.

Dans la vie, il y en a qui sont plus égaux que d'autres pour bénéficier d'autorisations. Les chasseurs, par exemple, ont tout ce qu'ils désirent pour pouvoir donner la mort.

Michel, lui, s'occupe d'oiseaux blessés et on lui pourrit la vie pour quelques centimètres de grillages.

Le blog de Michel Strée : http://jardinsduciel.skyrock.com/