Bal des impuissants à Noirmoutier ce week-end

Hier, samedi, à Noirmoutier (Vendée), il y avait une compétition du genre bien dégueulasse, qui attire des gens pas bien nets dans leur crâne et qui n'ont pas un gramme de bon sens et de sensibilité.

C'était une chasse au requin bleu, espèce dont les effectifs sont dans un état préoccupant. Les prélèvements de cet animal ont augmenté de 50% entre 1990 et 2003.

Ce 'challenge' débile vise à permettre à 18 bateaux et 85 pêcheurs de tuer du requin bleu pour le fun. Oui, ce concours sanglant est qualifié de pêche "récréative" par les organisateurs de cette manifestation dénommée "Peaux bleues".

Cette pêche "conviviale" (je n'invente rien ; c'est rapporté fidèlement par le quotidien Presse-Océan) a tout de même, faut pas déconner, des règles; la taille minimale de la proie a été fixée cette année à 1m50.
"En dessous, ils sont relâchés".

Je ne vous dis pas dans quel état ces pauvres poissons, gueule arrachée, retourneront dans la flotte.

L'année dernière (cette compétition a vu le jour en 2003), ce sont 80 spécimens qui avaient été massacrés, 100 en 2005. Si vous savez compter, cela fait en gros 1 trophée par pêcheur.

Tout le monde gagne à ce safari... Car il s'agit en définitive d'un safari, c'est à dire une chasse organisée par des sociétés privées pour des amateurs de gros gibier.

Traque mise sur pied pour des clients friqués, sans danger, mais source d'émotions fortes.

D'ailleurs, il y a des personnalités qui fréquentent cette recherche-poursuite qui ne laisse, bien entendu, aucune chance à la proie : Laurent Boyer, Françoise de Pannafieu (candidate UMP à Paris).

Les organisateurs de ce jeu pour riches sont des entreprises (Gendron Plaisance par exemple) et à ce titre, les autorités ne peuvent pas faire grand chose pour l'interdire.

Du moment que les autorisations ont été délivrées par la préfecture et les affaires maritimes, c'est râpé !

Greenpeace et le WWF sont intervenues auprès de la mairie de Noirmoutier pour stopper cette pêche pour pervers mais tant que ce n'est pas interdit, il n'y a rien à faire.

Les requins pêchés seront exposés au public puis offerts au centre de marée. Le classement récompensera les participants en fonction du poids de la prise.

Pêche de plaisance, safari, quel que soit le terme utilisé, il n'en demeure pas moins que cette chasse, plus qu'une autre, sert de faire-valoir au traqueur qui affirme là une virilité défaillante sinon inexistante.

C'est l'équivalent en plus glauque du concours pour reconnaître celui qui a la plus grosse quéquette.

La sportivité de cette pêche, c'est du pipeau, car l'animal n'a aucune chance d'y échapper. Une vedette ne s'essoufle pas. Le requin oui ...

Après un amorçage massif (réalisé avec des poissons broyés et du sang), sanglés dans leur fauteuil de pêche de combat, équipés de baudriers, de gants, de cannes-traîne de puissance dernier modèle, ces impuissants jouiront enfin quand ils choperont un 'tout-gros', pitoyable revanche d'un homme sur un animal affolé.

Façon vaniteuse de 'tirer son coup', cruellement, comme on abat un buffle d'un hélicoptère.

Et après, on se fait prendre en photo à côté du trophée magnifique, tout fier de son acte, pour oublier un moment qu'on est méprisable et méprisé.