Le chemin de Damas de Chiquilín : “J’ai vu des taureaux pleurer”.
” Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?
- Je dis : Qui es-tu, Seigneur ?
- Et le Seigneur répondit : Je suis Jésus que tu persécutes.
Mais relève-toi et tiens-toi droit. Voici pourquoi je te suis apparu : c’est pour te prendre comme serviteur et comme témoin des choses que tu as vues et de celles que je te ferai voir encore. Je t’ai tiré du sein de ce peuple et du milieu des païens, vers qui je t’envoie pour leur ouvrir les yeux, les faire passer des ténèbres à la lumière et de l’empire de satan à Dieu “.
(Actes 26, 14-18).
Ce fut ainsi que Paul relata sa conversion au dieu des chrétiens, sur le chemin de Damas. Envoyé en mission par le grand prêtre de Jérusalem pour persécuter les chrétiens, il entendit l’appel du christ ressucité et par lui, l’Eglise fut étendue, établie et organisée dans tout le monde en ce début du premier millénaire.
Nous connaissons aussi la fulgurante conversion de Paul Claudel la nuit de Noël, en 1886, à Notre-Dame.
Et n'en est pas moins admirable la conversion de Rafael Jiménez González "Chiquilín".
Sur un autre plan; un tout autre plan !
Faut pas déconner non plus, j'ai pas une tête à gratter un papier sur les convertis célèbres à la foi chrétienne. Il me fallait une bonne intro et basta.
Rafael Jiménez González “Chiquilín” est né à Cordoue (sud de l'Espagne) en février 1968; mais il appartient aux deux siècles en tant que matador.
Tueur renommé, il a pu se prévaloir d'avoir exécuté plus de 500 toros dans l'arène.
Je parle au passé car désormais, c'est un autre homme.
Le jour et la nuit.
Rongé par le repentir, il a basculé du côté de la lumière, de la sensiblité, de l'amour à l'égard du vivant en général et des animaux en particulier.
Complètement transformé.
Sur son chemin de Damas, dit-il, ce n'est pas un dieu quelconque qu'il a rencontré mais sa chienne.
A l'occasion d'un entretien accordé au quotidien espagnol ABC (www.abc.es/hemeroteca/historico-28-10-2007/sevilla/Cordoba/yo-he-visto-a-toros-llorar_1641237396118.html) il dévoile, avec une grande pudeur et une sincérité émouvante, que sa vie de tortionnaire tauromachique s'est métamorphosée progressivement.
Il est désormais incapable de verser le sang d'un animal, la moindre goutte de sang.
Il devient touchant quand il précise que : "Avant, j’allais à la chasse très souvent, mais maintenant je suis incapable de tuer une mouche.
L’autre jour, un grillon m’a empêché de dormir une partie de la nuit, jusqu’à ce que je me lève et le découvre dans un pot de fleur. Je l’ai observé et je l’ai sorti. Il s’est passé quelque chose de très curieux dans mon rapport avec tous les animaux".
On s'en doute, un sentiment de culpabilité doit étreindre cet homme quand il dit que : "Il m’en a coûté de porter mes dernières estocades quand j’ai compris la bonté de l’animal. Une fois, un taureau qui me tenait au sol, me regarda puis m’épargna.
J’ai vu des taureaux pleurer".
Je ne sais pas si ce gars est accablé par la honte et l'écoeurement d'avoir commis de telles horreurs mais une chose est certaine : il est passé dans le camp de la civilisation et appartient dorénavant à cette large fraction de l'humanité qui se révolte contre les divertissements où l'on maltraite et tue des animaux.
Le plaisir de tuer des animaux relève de l'aberration mentale.
Rafael Jiménez González a été converti à l'idée, au sentiment fort, qu'une grande chaîne relie les êtres vivants, tous les êtres vivants.
La tendresse, la compassion, la gentillesse, l'affection : voilà les mots qui guideront maintenant ses pas.
La cruauté, le sadisme, la brûlure de la souffance, le goût du sang : c'est ce qu'il a laissé dans une autre vie.
Gandhi disait : "J'affirme que plus une créature est impuissante, plus elle a droit à être protégée par l'homme de la cruauté de l'homme".