Chasse : un air glacial va refroidir brutalement la marche du printemps
Quand l'avant-saison prend des couleurs prématurément, que les rayons du soleil se font plus chauds, que la banalité d'un chemin engourdi par l'hiver gagne en profondeur, que les passereaux délivrent leurs trilles, refrains qui rythment la sortie des primevères et des pissenlits, on se dit que celui qui a la chance de partir en vadrouille dans la forêt et la campagne est heureux.
L'énergie nouvelle montre le bout de son nez; la tiédeur bienvenue annonce la profusion de vie du beau mois de mai.
Mais il y en a qui abordent la grande marche du printemps de manière pathologique.
Lui par exemple: Serge Castéran.
C'est le patron de la fédération des chasseurs du Gers.
Sa mobilisation, son influence a contraint le gouvernement à reporter la date de fermeture de la chasse au pigeon ramier, appelé palombe dans le coin, jusqu'au 20 février, soit une décade de plus.
Dix jours de mort programmée supplémentaire pour cet oiseau qui rentre des pays chauds, épuisé, pour nidifier.
Pour son malheur, il traverse le grand Sud-Ouest, où l'attendent les copains de S.Castéran, planqués dans leurs cabanes.
Depuis 2004, une dérogation étendue au grand Sud (Aquitaine, Midi-Pyrénées, PACA, et Languedoc-Roussillon) est sollicitée par ceux qui se nomment les "paloumayres" (en français, les tueurs de pigeons ramiers).
L'Union Européenne, elle a toujours été opposée à cette dérogation. Pour une raison simple, que même un enfant de 3 ans comprendrait : "on ne tue pas à partir du moment où l'oiseau revient pour pondre. Or, les palombes qui reviennent au mois de février sont les survivantes.
Ce sont celles qui ont résisté à l'hiver, aux chasseurs, aux maladies.
Les autres oiseaux sont morts, entre-temps !
C'est le capital reproducteur que l'on met en péril."
Pourquoi Serge Castéran s'est-il démené pour arracher cette dérogation ?
Parce que, révèle-t-il : "Il s'agit juste de donner aux chasseurs l'occasion de profiter un peu plus de la saison.".
C'est triste non, cet air glacial, polaire, qui vient rafraîchir brutalement les promesses de l'arrière-hiver 2008 ?