Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Ça branle dans le manche
10 mai 2008

Le cri des fleurs

1202

"Qu'est-ce que la vie ? C'est l'éclat d'une luciole dans la nuit, c'est le souffle d'un bison en hiver. C'est la petite ombre qui court dans l'herbe et se perd au couchant".

Crowfoot (1821-1890). Porte-parole de la Confédération des Blackfeet, indiens des Grandes Plaines.

Non ! Ils n'ont pas fumé la moquette.
Non ! Ce ne sont pas des écolos radicaux, promoteurs de la 'deep ecology".
Non ! Ce ne sont pas des descendants des tribus indiennes d'Amérique du Nord, parlant avec lyrisme, authenticité, du respect que l'on doit à la nature et aux plantes en particulier.

Ils sont 12; ils sont docteurs en philosophie, cytogénéticiens, professeurs associés en botanique, vétérinaires, biologistes, juristes...
Ce sont des pointures, comme on dit. Ils sont suisses.

Et ils viennent tout juste de dire à la population suisse et aux autorités fédérales que :" tout acte de nuisance arbitraire envers les plantes est moralement répréhensible, comme le fait d’étêter sans raison valable les fleurs au bord de la route, qui est un exemple d’acte arbitraire".

Pour être encore plus clair, ces personnes très sérieuses sont unanimes pour reconnaître que " les organismes végétaux ne doivent pas uniquement être protégés en tant que valeur instrumentale (leur utilité pour l'homme). Les plantes doivent aussi faire l'objet d'un respect moral en tant qu' organismes individuels doués d'intérêts propres".

Mais qui sont-ils, ces fous ? Tout simplement des membres de la CENH, la  Commission fédérale d'éthique pour la biotechnologie dans le domaine non humain, instance investie par le Conseil Fédéral et chargée de conseiller les autorités, d'un point de vue éthique, sur toutes les questions relevant de la biotechnologie et du génie génétique dans le domaine non humain.

Cette commission d'experts avait déjà rendu un rapport très positif sur le statut de l'animal, considéré comme un être sensible, ce qui avait permis d'améliorer son statut juridique.

Aujourd'hui, elle publie un rapport dont les conclusions effacent sensiblement les distinctions et frontières morales entre le règne végétal et le règne animal.

Ainsi, elle avance que d'un point de vue strictement biologique, l'unicité du règne animal ne peut pas être considérée comme supérieure (oui, tu as bien lu !) à celle des végétaux.

Il s'avère, selon un botaniste, "que les plantes ne sont pas munies d'un système nerveux comme le nôtre et, jusqu'à présent, on les considérait comme des organismes autonomes et passifs. En réalité, elles disposent d'une capacité perceptive ultrasensible et interagissent de manière complexe avec les signaux extérieurs. Elles sont ainsi à même de réagir à la lumière, aux stimulations mécaniques et même au stress ressenti par d'autres plantes".

Une majorité des membres de la CENH refuse, par ailleurs, pour des raisons morales, l’idée d’une propriété absolue sur les plantes, qu’il s’agisse d’une collectivité végétale, d’une espèce ou d’un individu. Selon cette position, personne n’est en droit de disposer des végétaux selon son bon plaisir.

Tu as bien perçu que les experts de la CENH ont adopté une position biocentriste dans leurs travaux (c'est parce que ce sont des êtres vivants que les organismes sont à respecter au nom de leur valeur morale).
De là découle l'impératif : l’homme, pour des raisons morales, doit faire preuve de réserve lors de l’utilisation des plantes, car les organismes individuels du règne végétal ont une valeur intrinsèque.

Je te mets le lien qui te permettra de télécharger le rapport (format PDF).

Tu pourras prolonger ta réflexion en songeant aux belles paroles de Walking Buffalo, indien Stoney  : " Saviez-vous que les arbres parlent ? Ils le font pourtant !  Ils se parlent entre eux et ils vous parleront si vous les écoutez. L'ennui avec les blancs, c'est qu'ils n'écoutent pas ! Ils n'ont jamais écouté les indiens, aussi je suppose qu'ils n'écouteront pas les autres voix de la nature".

http://www.ekah.admin.ch/fileadmin/ekah-dateien/dokumentation/publikationen/f-Broschure-Wurde-Pflanze-2008.pdf

Publicité
Commentaires
G
Que le végétal ait une sensibilité ; je n'en doute pas un instant. J'ai même des expériences vécues intéressantes sur le sujet. <br /> Seulement je suis déjà végétarien, je puis difficilement devenir "aérien" à moins d'être un pur esprit. Je crois que ce qui est grave, c'est lattitude de l'homme envers le végétal ; ce serait long de t'expliquer, m'enfin si tu regardes la société tu comprendras assez bien je pense.<br /> <br /> Cordiamicalement.
G
« Car si tout était périssable, tant de siècles écoulés jusqu'à nous devraient avoir tout dévoré; mais puisque dans l'immense durée des âges, il y a toujours eu de quoi réparer les pertes de la nature, il faut que la matière soit immortelle, et que rien ne tombe dans le néant...<br /> Enfin, la même cause détruirait tous les corps, si des éléments indestructibles n'enchaînaient plus ou moins étroitement leurs parties, et n'en maintenaient l'assemblage. Le toucher même suffirait pour les frapper de mort, et le moindre choc romprait cet amas de substance périssable. Mais comme les éléments s'entrelacent de mille façons diverses, et que la matière ne périt pas, il en résulte que les êtres subsistent jusqu'à ce qu'ils soient brisés par une secousse plus forte que l'enchaînement de leurs parties...<br /> Les corps ne s'anéantissent donc pas quand ils sont dissous, mais ils retournent et s'incorporent à la substance universelle... Ainsi donc, tout ce qui semble détruit ne l'est pas; car la nature refait un corps avec les débris d'un autre, et la mort seule lui vient en aide pour donner la vie. »<br /> Lucrèce : »De la nature des choses » Livre 1, vers 215-264.<br /> Jusqu’à quand la nature réparera les dégâts causés par la bêtise humaine… ?
N
Pas plus tard que ce 08 mai dernier, pendant une escapade en montagne, j'ai croisé une famille dont une petite fille qui cueillait les fleurs délicates de ce joli paysage. ça m'a fait quelque chose... J'ai pensé que cette petite n'avait pas conscience de ce qu'elle faisait, pas plus que ses parents... <br /> PS : pour toi, Hervé, clin d'oeil fleur sur mon blog.
B
Vivre en harmonie avec la nature, la respecter comme un être vivant, ainsi le faisaient les indiens.<br /> http://www.syti.net/MessageIndiens.html<br />
M
Je reviens car cela m'a rappelé les arbres que l'on abat le long des routes parce qu'ils sont accidentogènes.....Ils se jettent sur les voitures et les motos.....Si, si, je vous assure....
Publicité