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Ça branle dans le manche
5 juillet 2008

Aussi longtemps que les animaux seront traités comme des esclaves, rien ne changera

Sans_titre

Comme tu fréquentes ce blog régulièrement, et je t'en remercie par ailleurs, tu n 'es pas sans savoir que la Suisse vient de s'équiper de la législation la plus favorable au monde en matière de protection animale.
Ce n'est pas venu tout seul. Ce n'est pas tombé de l'arbre, comme ça...
Il en a fallu de l'investissement, des actions, des mobilisations, pour aboutir à ce résultat.
Je salue, à cette occasion, les visiteurs suisses, nombreux, qui me font l'amitié de consacrer un peu de leur temps à lire les propos que je tiens sur ce blog.

Alors, je disais que le terrain avait été bien labouré par un paquet de sympathisants et de militants de la cause animale.
Tout n'est pas gagné, loin s'en faut.

Klaus Petrus compte parmi l'une de ces consciences qui ont participé à l'émergence d'un solide et durable mouvement de défense de la cause animale.
Professeur de philosophie réputé à l'université de Berne, il met en ce moment la touche finale à un livre (Tierrechtsbewegung und Aktivismus, à paraître bientôt)  qui traitera de l'ALF (Animal Liberation Front) en particulier et de l'action clandestine et illégale en général.

Klaus Petrus a accordé un entretien au magazine l'Hebdo (édition du 03 juillet).

Le voici.

Vous dénoncez le fait que les animaux de rente sont de plus en plus considérés comme des choses, alors que les animaux domestiques sont toujours plus considérés comme des personnes. Pourquoi?
Si on regarde la manière dont on traite les animaux dans les élevages intensifs, il est évident qu’ils sont réduits à l’état d’objets, dont le propriétaire peut disposer à sa guise. Pourtant, les gens comprennent que les animaux sont sensibles, qu’ils ont un intérêt à ne pas ressentir de la douleur et qu’ils sont capables d’avoir du plaisir.
Nous savons tous qu’ils ont une valeur intrinsèque qu’il faut respecter.

Vraiment?
Il ne nous viendrait pas à l’idée d’enfermer un chat durant toute sa vie dans un espace réduit et confiné, dans le seul but d’être tué. C’est pourtant la condition qu’on réserve aux poules ou aux cochons.
Pourquoi n’auraient-ils pas eux aussi droit à ce que leur valeur intrinsèque soit respectée? Un animal n’a pas d’intérêt à se faire tuer pour être mangé.

Il faut bien se nourrir…
L’homme n’a pas besoin de cela pour vivre. On mange de la viande parce qu’on trouve ça bon. D’un point de vue éthique, la satisfaction de ce plaisir ne justifie pas la négation de la valeur des animaux. Ils ont un droit moral à être respectés qui prime sur notre bon plaisir.

Le droit suisse est l’un des plus attentifs au bien-être des animaux.
Bien sûr, il est préférable de les faire souffrir le moins possible. C’est dans ce sens que va notre loi: elle veut agrandir les cages et éclairer davantage les étables. Seulement, la question fondamentale est de savoir s’il est légitime de considérer les animaux comme de simples ressources. Si on répond que non, la conséquence logique est d’abandonner leur exploitation.
Pour moi, les réformes de régulation – qui rendent plus «humaines» les conditions de détention des animaux – sont contre-productives. Car elles donnent une image positive de l’industrie de l’alimentation d’origine animale et bonne conscience à l’opinion publique.
Je soutiens uniquement les réformes qui interdisent des pans entiers de l’exploitation animale, comme l’interdiction du foie gras ou des fourrures animales.

Est-ce la fin des élevages?
Oui, mais pas seulement. Il faut arrêter d’utiliser les animaux, peu importe la raison: qu’elle soit économique, dans l’industrie de la viande ou laitière; scientifique, dans les laboratoires; ou sociale, comme dans les corridas, les combats de chiens, les cirques ou les zoos.
L’utilisation des animaux comme compagnons devrait aussi être abolie… de même que les chiens d’aveugle.

Vous voulez interdire les chiens d’aveugle sous prétexte que leur vie est indigne!?
Ces bêtes sont sélectionnées, reproduites, dressées dans le seul but de servir l’homme. C’est comparable à l’esclavage des Noirs. Bien sûr, les chiens d’aveugle ne sont qu’un exemple. La conséquence ultime de ma réflexion est qu’il faut abolir le droit de propriété sur tous les animaux.

Que faire des vaches et des poules qui ne peuvent survivre sans l’homme?
Ces animaux n’existent que parce que l’homme les a sélectionnés pour en faire des fournisseurs optimaux de viande, de lait ou d’œufs. Si nous respections vraiment la valeur intrinsèque de ces animaux, il faudrait arrêter de les élever. Il ne s’agit pas de lâcher des millions de poules dans la nature dès demain. Personne ne croit à une révolution.

On voit surtout des actions contre les corridas ou les animaux de cirque...
Il faut commencer à se battre là où le soutien de l’opinion est déjà précaire: les cirques, les corridas, le foie gras, etc. Ensuite, il est de la responsabilité individuelle de chacun de boycotter les produits d’origine animale.

En devenant tous végétaliens?
Non seulement en renonçant à manger de la viande, du poisson, du lait et des œufs, mais aussi en refusant de porter du cuir ou de la laine. En Europe, c’est très facile à faire; moi-même, je vis comme cela depuis quatre ans. Ce véganisme n’est pas juste une question de style de vie, c’est un acte politique pour la libération animale.
En plus, les quantités phénoménales de terres servant aujourd’hui à la production de fourrage pour des animaux de rente seraient à nouveau disponibles. S’ajoute à cela que la production de viande dégage énormément de CO2. Avec la crise alimentaire mondiale et le réchauffement climatique, ces questions finiront de toute façon par se poser.
C’est pour cela que la libération des animaux sera le mouvement social de ce siècle. J’en suis convaincu.

Votre point de vue reste néanmoins assez subversif… D’autant que vous êtes professeur du Fonds national pour la recherche à l’Université de Berne…
Mes recherches et mon enseignement portent sur la philosophie du langage. A l’université, je ne donne aucune conférence et n’organise aucune réunion ayant trait à la libération animale.

Mais vous préparez un ouvrage sur l’ALF, le Front de libération animale, qui soutient l’action directe.

Je le fais durant mon temps libre. Je mène pour ainsi dire une double vie académique. Le livre traite des tactiques de l’ALF à travers l’étude de cas en Grande-Bretagne, en Autriche et en Suisse.

Estimez-vous que l’action directe est nécessaire?
Les images avec un activiste cagoulé tenant deux lapins de laboratoire dans ses bras peuvent sembler ridicules. Mais l’histoire récente du mouvement de libération animale montre que l’action directe peut s’avérer très efficace. Seulement, une grande partie des ces actions sont illégales. Sont-elles légitimes pour le bien des animaux? S’agit-il de la bonne tactique à adopter?
A la deuxième de ces questions, les avis divergent: les uns disent que c’est contre-productif, les autres estiment qu’il s’agit du seul moyen de faire pression sur l’industrie animale.

Mais vous-même, qu’en pensez-vous?
Il faut voir au cas par cas.

Avez-vous, vous-même, déjà mené une action directe?
Non.

NOTA : la photo est, tu l'auras deviné, empruntée au blog d'Anne-Marie et de Jean-Marie, que voici que voilou :http://naturesauvage76.com/

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Commentaires
K
Pour moi, je suis convaincue qu'il va falloir changer du tout au tout. Mais il y a tant d'opposition. Cela prendra du temps, beaucoup de temps. Et en avons nous???? Que ce soit pour les animaux, pour les végétaux, pour tout. Tout doit changer, mais....... Et puis il y a ceux qui restent stagner dans leurs "tradition".....ou leurs mode de vie ancestrales. C'est souvent ceux-la qui ont aussi l'argent ou le pouvoir en main. KlaRA.
C
quelle prise de position courageuse, merci à lui!!!!! et bravo, j'espère que cela incitera un peu à réfléchir et à agir....
S
Ça me rappelle George Orwell...
J
Bonsoir Hervé,<br /> Merci de tes compliments pour l’image, mais cette dernière est à la hauteur de tout ce que tu postes sur ton blog, on va dans la même direction, toi, nous, et ceux qui fréquente ton blog.<br /> Tu fais un boulot formidable. Merci pour eux.<br /> Bise. JM et AM.
D
Perso je me trouve bien dans ces propos de Klans.<br /> <br /> A la seule différence que je ne crois pas que le 21 ème siècle soit celui de la simple considération animale.<br /> <br /> Seuls, selon moi, des éléments majeurs mettant en question sa survie d'espèce, pourront faire reculer Homo Sapien Sapiens dans sa barbarie. Et barbarie qu'il exerce aussi contre ses semblables, bien sûr.<br /> <br /> Ce n'est pas une seule question d'acceptabilité d'éthique. C'est une question de prégnance de son mode de gouvernance, et par là de temps imparti.<br /> <br /> Que cela ne soit surtout pas démobilisateur ! Les pbs restent...Toute belle action est le début de la construction d'un autre monde.<br /> <br /> De plus on ne peut agir que sur le présent ou l'actuel.
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