Le cri des bêtes : pour une solidarité de destin entre les pauvres mortels que nous sommes tous
L'animal.
Stock inépuisable parce que entièrement
fabriqué et artificiellement alimenté, son exploitation est par le fait prise
dans une spirale sans fin.
Inventer sans cesse de nouveaux produits dans
des domaines apparemment aussi divers que la mode, le goût, le médicament et le
jeu, multiplier les combinaisons, imaginer les utilisations toujours plus
nombreuses de son corps, un accroissement toujours plus étendu de son organisme,
tel est le programme où se fomente la réduction de l'animal à un
fonds.
Ces usages sociaux constituent
la part maudite d'une négociation culturelle dans laquelle nous affirmons notre
différence.
Plus les activités qui utilisent l'animal
sont gratuites et plus les bénéfices qui en sont issus relèvent du luxe et de
l'inutilité, plus ils portent la marque du culturel-argument qui fonctionne
comme légitimation dernière de cette
dilapidation.
On pourrait dire que l'homme se comporte à
l'égard de l'animal comme un parvenu.
Florence Burgat – Animal, mon prochain – Editions Odile Jacob.