Le petit chat noir

"On ne se penche point vers un caniche ou un matou sans qu'une sourde angoisse ne vous feutre le coeur.
On ressent, à se comparer à eux, tout ce qui vous en sépare et tout ce qui vous en approche.

Dans l'oeil du chien règne la tristesse d'avoir, dès les premiers jours de la Création, léché en vain le fouet de son irréductible bourreau.
Car rien n'a attendri l'homme, ni la proie que lui rapporte un épagneul affamé ni l'humble innocence dont un labri veille sous les étoiles l'obscure douceur des troupeaux.

Dans le regard du chat luit un tragique effroi.
"Que vas-tu me faire encore ?" semble-t-il demander, couché sur le fumier où le ronge la gale et le creuse le besoin de manger.
Et, fiévreux, il attend qu'un nouveau supplice ébranle son système nerveux."

Francis Jammes. Préface à Dialogues de bêtes, de Colette (1873-1954).

Comments

[Serge]

J'ai déjà vu, enfant, un chien lécher le fouet de son bourreau. Un bourreau végétant dans la vie comme en une disgrâce éternelle, un de ces grands connards suffisants qui se croyait le maître du monde quand il maltraitait son chien pour le soumettre à son autorité... Je pense que tous les deux sont morts maintenant dont un,je l'espère, dans d'atroces souffrances comme devraient les subir tous ces abrutis dégénérés, cogneurs et tueurs de première qui se vengent de leurs échecs sur les plus faibles. Sur ceux qui leur montre le plus d'amour...

Faut pas les aimer ces gens là, ils nous tueraient de coups...

La meilleure des causes, c'est la lutte contre la souffrance universelle. Sous toutes ses formes, humaines et animales, faibles ou fortes.
Je suis fier de cette cause à laquelle j'adhère, et ému par ton billet Hervé... L'image de ce petit chien innocent est revenu pour me dire qu'il avait mal... Et moi aussi encore une fois...

[esther]

purée, ça fend le coeur de lire ça. Bien sur, je sais biuen que fort maheureusement, c'est le triste sort d'un enorme partie de chiens et de chats....mais de le voir et de le lire, ben...ça fait tout simplement horriblement mal!

[Martine Réunion]

Je me demande souvent comment beaucoup peuvent imaginer que les animaux quelqu'ils soient ne ressentent pas la souffrance, la peur, la dépression, l'anxiété....Mais trouvent normal qu'un animal manifeste sa joie.....Il suffit de savoir les observer, vouloir les connaître un peu et surtout, les considérer comme les êtres sensibles qu'ils sont.....Je me demande comment on peut maltraiter, torturer, disséquer, utiliser comme une marchandise un être vivant.....
Tout dans l'attitude d'un animal heureux démontre sa joie.....Tout dans l'attitude d'un animal malheureux démontre sa détresse. Ceux qui ne veulent pas voir me désespérent profondément.....
L'homme a évolué dans le domaine des technologies mais il lui reste un long chemin à faire avant d'évoluer dans le domaine de la compréhension et de la compassion envers le monde animal.....
Boris Cyrulnik a écrit : "le jour où l'on comprendra qu'une pensée sans langage existe chez les animaux, nous mourrons de honte de les avoir enfermés dans des zoos et de les avoir humiliés par nos rires".
J'essaie d'espérer que ce jour viendra......vite !!!!
Amicalement à tous.

[Clocloclo]

Je pleure devant ce texte tant il me replonge dans le desespoir vécu hier soir en rentrant du travail face au regard d'un pauvre chat qu'une voiture venait de renverser à l'instant (le conducteur ne s'est bien évidemment pas arrêter). Le crâne défoncé il se contorsionnait au milieu de la route, essayant desespérement de se remettre sur pattes et se sauver. Je n'ai pu que le regarder agoniser pendant une longue minute. Puis la vie s'est évanouie de son petit corps meurtri. Il a dû penser "que m'ont-ils fait encore?".

[chrisboubou]

c'est un texte qui prend aux tripes et qui rappelle quelque part que l'être humain, qui se croit tout en haut de la chaîne "alimentaire", est encore trop souvent bourreau...
ce que je ne peux démentir après avoir dû passer une soirée à ne pas écouter les histoires de chasse du beau papa, qui a payé pour pouvoir chasser (un truc bien particulier apparemment) dans les Landes et ramener "quatre têtes (faisans ou autres), élevées uniquement dans le but d'être chassées"...

existe-t-il un animal qui ne puisse craindre la présence de l'être humain?