Une photo qui dit tout
Je suis bouleversé par cette photo. Hier samedi 28 février, dans le quotidien Libération, elle illustrait un reportage dans cette république démocratique du Congo où la guerre civile déplace des centaines de milliers de réfugiés.
Ce sont deux soeurs, photographiées par Finnbarr O'Reilly pour l'agence Reuters.
Ces deux fillettes 'vivent' dans le camp de Bulengo, proche de Goma, dans l'est du Congo.
Cette région est en guerre depuis 1996. Les atrocités succèdent aux atrocités.
Finnbarr O'Reilly est un photographe de presse réputé. Il a reçu en 2005 la plus haute récompense décernée aux photojournalistes : le World press photo.
Une photo comme celle là, témoignage saisissant, remplace toutes les explications et les commentaires.
Certaines ont fait le tour du monde : celle de cet homme seul face aux chars de l'armée chinoise, place Tienanmen, celle de cette gamine vietnamienne nue, terrorisée, éperdue, fuyant son village arrosé au napalm par les hélicos de l'US Army.
Voici le site de Finnbarr O'Reilly :http://www.finbarroreilly.com/
Pour en terminer sur le sujet, je te livre un court extrait du récit de Paul M.Marchand, canadien comme Finnbarr O'Reilly, grand reporter, correspondant de guerre (Beyrouth, Sarajevo...).
Tu trouveras "Sympathie pour le diable" en format de poche, aux éditions J'ai Lu. Fais gaffe, l'effroi te saisira, tes forces et ton optimisme te quitteront à sa lecture.
" La diarrhée des bonnes intentions contrariait l'essentiel des préoccupations de mes semblables : le meurtre.
L'Homme naît pour être en fin de compte couché, foulé, piétiné.
Jonché de chaos et de sang.
Il se reproduit uniquement pour mieux s'exterminer, se liquéfier en eaux troubles, en poussière et en merde.
[...] La planète est conservée par le sang, pas besoin de la tourmenter par des engagements dictés par la peur, l'émotion et la colère.
Elle génère sa propre survie, son propre élan par des défrichages successifs.
L'indulgence la rend bouffie, l'apathie l'engraisse.
Le remède est le retour régulier à la saignée.
Cette planète est un immense cercueil à l'air libre. Il ne manque qu'un volontaire pour fermer le couvercle."