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Ça branle dans le manche
31 janvier 2007

Si la cruauté humaine s’est tant exercée sur l’homme, c’est qu’elle s’est fait la main sur les animaux.

5339.1170245243.jpg   Autour d'un fait divers, d'un acte de cruauté à l'égard d'un animal et de sa sanction judiciaire, rapporté par le quotidien régional L'Est Républicain (région Lorraine), je vous invite à méditer les propos de Marguerite Yourcenar et de Claude Lévy-Strauss  (oui, le père du structuralisme).

La question de la cruauté physique, exercée sur plus faible que soi, délibérée, hors d'un état de démence ou de psychose, laisse perplexe beaucoup de gens, effrayés à juste titre par cette anormalité barbare si répandue qu'elle en devient banale. 
Car, à part quelques malades, tout le monde pense que la soufrance et la mort doivent être évitées à un être sensible.

Alors, pourquoi tolérer, même en étant mal à l'aise, les traitements indignes et cruels faits aux animaux d'élevage et  s'élever avec vigueur et indignation, parallèlement, contre un  acte de maltraitance commis à l'endroit d'un labrador ou d'un poney ?

Proximité affective ? Nécessité implacable de l'utilitarisme ? un peu tout de cela.
La lecture des ouvrages d'Elisabeth de Fontenay et de Florence Burgat est prestement recommandée pour qui s'intéresse à la problématique de la condition animale et de la vision que nous avons de nos frères inférieurs.

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"L'homme a peu de chance de cesser d'être un tortionnaire pour l'homme tant qu'il continuera à apprendre sur la bête son métier de bourreau"-
M
arguerite Yourcenar.

       
L'Est Républicain :
      

"METZ.  Gilles Viardot, 47 ans, chauffeur-routier, a été condamné par le tribunal correctionnel de Metz à treize mois de prison ferme, pour avoir battu à mort Xsana, une jeune chienne d'un an, le 25 juin dernier à Coin-lès-Cuvry près de Metz. Poursuivi devant la juridiction mosellane pour « sévices graves et actes de cruauté envers un animal domestique », le prévenu a nié toute intention volontaire, assurant avoir écrasé l'animal alors qu'il rentrait sa voiture en marche arrière, dans l'enceinte du domicile où résidait son épouse, avec laquelle une procédure de divorce était engagée. Voyant l'animal gravement blessé, il aurait choisi, plutôt que d'envisager des soins vétérinaires en urgence, de l'achever, en le frappant à plusieurs reprises à l'aide d'une planche de bois. Puis, il chargeait le chien dans le coffre de la voiture, avant de partir l'enterrer dans un bois des environs. Or, si des témoins ont bien rapporté l'avoir vu achever l'animal, aucun témoignage ne mentionne un éventuel accident préalable.
« Aucun élément n'accrédite cette thèse », dénonçait Me Serge Ciaramella, partie civile pour la SPA. « Troublé » par l'attitude « détachée » de l'auteur des faits, l'avocat a souligné la « sauvagerie » d'un tel acte, commis aux environs de minuit.
Sans donner à la barre l'impression de prendre vraiment conscience de la gravité des faits reprochés, le prévenu a reconnu ne « pas avoir réfléchi », alors sous l'emprise de l'alcool. Il a commencé à comprendre les enjeux judiciaires à l'énoncé du délibéré. Le tribunal a très largement dépassé les réquisitions d'un mois de prison avec sursis réclamées par le représentant du parquet, prononçant une peine de treize mois de prison ferme à son encontre, assortie d'une interdiction définitive de détenir un animal. Il devra également verser 1.500 € de dommages et intérêts à la SPA.         

En février 2005, un homme de 72 ans, condamné en première instance à un an de prison ferme pour l'empoisonnement de plus de 140 animaux en Corrèze, s'était pendu dans sa cellule à la maison d'arrêt de Tulle, quelques heures avant de comparaître devant la cour d'appel de Limoges.
            
En octobre 2004, un jeune homme de 18 ans, qui avait mis le feu à une chienne aspergée d'essence par des jeunes mineurs avait été condamné à un an ferme par le tribunal correctionnel d'Avignon.
            
En janvier de la même année, un homme de 38 ans, qui avait passé son caniche à la machine à laver et jeté son cadavre dans un sac poubelle, s'était vu infliger quatre mois de prison par le tribunal de Boulogne-sur-Mer. " 

Ce jugement du Tribunal correctionnel de Metz fait l'objet d'un communiqué publié sur le site de la SPA, partie civile dans l'affaire. www.spa.asso.fr 

« L'homme occidental ne peut-il comprendre qu'en s'arrogeant le droit de séparer radicalement l'humanité de l'animalité, en accordant à l'une tout ce qu'il retirait à l'autre, il ouvrait un cycle maudit, et que la même frontière, constamment reculée, servirait à écarter des hommes d'autres hommes, à revendiquer au profit de minorités toujours plus restreintes le privilège d'un humanisme corrompu aussitôt que né pour avoir emprunté à l'amour-propre son principe et sa notion ? (...) L'unique espoir pour chacun d'entre nous de n'être pas traité en bête par ses semblables est que tous ses semblables, lui le premier, s'éprouvent immédiatement comme des êtres souffrants. »     Cl.Lévy-Strauss.

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